La guerre franco-allemande de 1870-1871 dans l’Orne : un conflit oublié à l’origine des moments les plus sombres du XXe siècle

A l’occasion du 150e anniversaire de la Guerre franco-allemande de 1870-1871, la Délégation générale du Souvenir français de l’Orne signe un ouvrage qui met en lumière le déroulement de ce conflit dans le département. Un conflit « qui engendra la pire folie des hommes » n’a pas manqué de rappeler le président Christophe de Balorre qui s’est fait, le temps de la présentation de l’ouvrage, professeur d’histoire.

Actualité - 31/10/2020

C’est un pan méconnu de l’histoire locale que met en lumière la Délégation générale du Souvenir français de l’Orne, et son délégué général le Lieutenant-colonel Yves Duprez, avec son ouvrage La guerre franco-allemande de 1870-1871 dans l’Orne, édité par le Conseil départemental. Ce conflit qui a opposé le Second Empire français et la monarchie prussienne a douloureusement touché le département, laissant des traces indélébiles comme en témoignent les tombes et monuments visibles sur le territoire. Pourtant, ces combats à l’origine des moments les plus sombres de l’histoire du XXe siècle sont peu connus des jeunes générations.

Un peu d’histoire

« Je veux dire un grand merci au colonel Duprez qui nous invite à nous souvenir de ce moment effroyable pour notre pays et notre département et qui engendra la pire folie des hommes d’abord la guerre de 1870 et puis les deux grandes guerres mondiales de 1914-1918 et 1939-1945 », souligne Christophe de Balorre. A l’occasion de la présentation de l’ouvrage, qui s’est déroulée jeudi, le président du Conseil départemental, s’est mué en pédagogue. « Je souhaite à cette occasion faire un peu d’histoire ».

Comme le relate l’élu, tout commence en 1870, lorsque l’Espagne se met en quête d’une tête couronnée du côté de la Prusse. « La France ne pouvait accepter l’idée qu’un “Prussien devienne roi de Madrid”, elle demande alors à la Prusse de renoncer à cette idée », explique le chef de file du Département. « Elle envoie alors son ambassadeur Vincent Benedetti qui obtient satisfaction (…) C’était sans compter sur Bismark ! ».

Le premier ministre prussien a d’autres intérêts en tête : il y voit là l’occasion de conforter sa stratégie d’union des états allemands. Alors même que « ni Napoléon III ni Guillaume 1er, alors roi de Prusse, ne voulaient vraiment de cette guerre…». Nous sommes le 14 juillet 1870. Le 15 juillet 1870 Thiers, alors député de Paris et partisan de la paix, tente par tous les moyens d’éviter la guerre expliquant qu’il s’agit de susceptibilités et de fautes de cabinets. Las. Quatre jours plus tard, c’est la déclaration de guerre.

« La suite, nous la connaissons… Le bilan de la guerre de 1870 alimente un fort esprit de revanche qui est l’une des principales causes de la Première Guerre mondiale, dont les conséquences vont contribuer à nourrir la Seconde », conclut Christophe de Balorre, qui s’est fendue d’une dernière anecdote historique qui plaira aux alençonnais férus d’histoire. « Il convient de rappeler que le quartier Lyautey qui nous héberge aujourd’hui à Alençon est né des ruines de Sedan (théâtre d’une victoire décisive des forces prussiennes NDLR) et du désastre de 1870. Les politiques de l’époque avaient compris qu’il fallait doter la France d’une grande armée ».

Du Perche à Alençon

Au-delà des principaux affrontements et des personnalités marquantes, cet ouvrage dresse également le portrait de l’Orne à cette époque. Si aujourd’hui, l’Orne est un département qui oscille entre tradition et modernité, en 1870 c’est avant tout un territoire agricole prospère qui s’ouvre tout juste à l’industrialisation : l’accroissement de l’élevage du cheval percheron côtoie l’arrivée du tissage mécanique et du train sur le territoire.

Comme le retrace la délégation générale du Souvenir français et son président le Lieutenant-colonel Yves Duprez dans ce livre, la ferveur patriotique règne à l’annonce de la déclaration de guerre. Les préliminaires des combats ont lieu dans le Perche. Le 21 novembre 1870, La Madeleine-Bouvet est occupée par les Prussiens, Bretoncelles également. A Coulonges-les-Sablons, le lieu-dit La Fourche est le théâtre de deux épisodes : un premier combat ce fameux 21 novembre où les troupes françaises sont écrasées par les obus ennemis, puis quelques semaines plus tard le 6 janvier où les Prussiens sont à nouveau maîtres du champ de bataille.

Avec les avancées des troupes prussiennes, les combats font rage le 16 janvier à Alençon où la bataille est longuement retracée et étayée par les documents de l’époque dont des télégrammes envoyés par les forces militaires et le Préfet de l’époque. Après la défaite, la préfecture ornaise est finalement occupée jusqu’au 7 mars 1871. Une occupation sévère au cours de laquelle le maire de la ville Eugène Lecointre a eu un comportement particulièrement héroïque.

C’est le 10 mai 1871 que le traité de paix sera signé. La France, qui paye un lourd tribut humain et financier, devra également céder l’Alsace et une partie de la Lorraine aux Prussiens. 

Pratique : La guerre franco-allemande de 1870-1871 dans l’Orne est édité par le Conseil départemental. Il est disponible gratuitement ci-dessous et à l'Hôtel du Département.